Badlands : Dans les Coulisses avec Chris Hall

Victoria Roi

Experte en aventures

Chris Hall installe son vélo sur un camping-car lors du Badlands Gravel Challenge 2025.

Certaines expériences te marquent vraiment. La Badlands en fait partie — un désert, une ascension, une communauté et un test de tout ce que tu penses pouvoir endurer.

Cette année marquait notre deuxième année à soutenir Chris Hall et le réalisateur Jack sur l’un des événements vélo les plus difficiles d’Europe, en offrant à Jack un Siesta Camper comme base mobile pour suivre l’histoire de l’intérieur.

Alors que Chris roulait en totale autonomie — comme l’exige la course — le van est devenu le QG roulant de Jack : un endroit pour charger son matériel, organiser les images, se reposer et rester au plus près de l’histoire qui se déroulait. Leur projet capture l’une des expériences cyclistes les plus brutes qui existent.

Mais avant de plonger dans les réflexions de Chris, voici ce qui rend Badlands si légendaire.

C’est quoi la Badlands ?

Connue comme le défi gravel le plus sauvage d’Europe, Badlands est une course bikepacking en autonomie complète d’environ 816 km et 16 000 m de dénivelé à travers le sud de l’Espagne.


Le parcours traverse :

  • Les seuls vrais déserts d’Europe, dont le désert de Tabernas
  • La côte méditerranéenne
  • Des paysages isolés, rudes et presque irréels
  • Et le mythique Pico Veleta à 3 396 m, la plus haute montée goudronnée du continent


Près de 350 cyclistes y participent chaque année dans les catégories hommes, femmes et duo. Pas de véhicule d’assistance, pas de voiture d’équipe, personne pour porter ton matériel. Tu pédales, tu manges, tu dors, tu répares et tu gères tout toi-même — jusqu’à franchir la ligne d’arrivée.


C’est beau. C’est brutal. Et c’est addictif.

 Course cycliste dans les Badlands.



L’histoire cette année

Chris revenait pour sa cinquième édition — mais cette fois, tout ne s’est pas passé comme prévu. Après avoir parcouru près de 7 000 km autour de la Grande-Bretagne seulement quelques semaines avant la course (une énorme mission caritative pour Movember), il est arrivé au départ avec un profond sentiment de paix… et une fatigue tout aussi profonde.

C’était l’année où le corps a dit : « pas cette fois ».

Et comme tu le découvriras dans l’interview, il y a quelque chose de puissant là-dedans aussi.

Interview avec Chris Hall

1. C’était ta cinquième participation — qu’est-ce qui te pousse à revenir à une course aussi exigeante ?

Pour moi, Badlands est bien plus qu’une course. C’est une expérience avec une communauté incroyable de bikepackers qui explorent l’une des régions les plus belles et les plus dures du sud de l’Espagne. Je reviens chaque année pour cette communauté, pour revoir des gens des éditions précédentes et pour me reconnecter à ce paysage complètement fou. Les vues ne vieillissent jamais.

2. Pour quelqu’un qui n’a jamais entendu parler de Badlands, tu la décrirais comment ?

Le plus simplement possible : c’est une course d’environ 800 km (la distance change chaque année selon le parcours) où le chrono démarre le dimanche matin et s’arrête quand tu franchis la ligne d’arrivée. Le parcours est principalement off-road sur du gravel et tu dois être autonome, donc emporter tout ce dont tu as besoin. Aucun véhicule d’assistance.



Le défi

3. Tu as roulé presque 7 000 km autour de la Grande-Bretagne juste avant Badlands. Pourquoi, et quel impact ça a eu ?

J’ai bikepacké le périmètre de la Grande-Bretagne pour lever des fonds pour Movember, une association pour la santé des hommes. C’est quelque chose que je voulais faire depuis environ 5 ans, et le seul créneau possible cette année était juste avant Badlands. Pendant ces 30 jours de route, je portais tout ce dont j’avais besoin et j’encourageais les gens à me rejoindre, pour créer un espace sûr et parler parfois de sujets difficiles, notamment la santé mentale. C’était une aventure monstrueuse, physiquement et mentalement.

4. À quel moment as-tu compris que tu ne pourrais pas continuer la course cette année ?

Il n’y avait qu’une semaine entre la fin du projet autour de la Grande-Bretagne et Badlands. Je savais que ce serait difficile d’enchaîner les deux, surtout avec cette fatigue. Dès les rites sociaux juste avant la course, j’ai senti que c’était peut-être trop. Je me sentais épuisé et vidé. Peu importe ce que je mangeais ou buvais, j’avais zéro énergie. Quand la course a commencé, j’étais étonnamment détendu parce que j’étais en paix avec l’idée que j’allais probablement arrêter.

5. Comment t’es-tu senti en décidant d’arrêter au deuxième jour ?

J’étais totalement en paix. J’aime essayer de comprendre les limites de mon corps, et cette fois, je les avais atteintes. Ce n’est pas souvent qu’on abandonne une course comme ça en étant serein. C’était presque une belle manière d’arrêter. Peut-être que j’aurais pu continuer un peu, mais je n’en avais pas besoin. Je n’avais pas besoin de me rendre malade ou de prendre des risques inutiles. C’était le meilleur choix pour récupérer correctement.



Ton expérience

6. Comment tu gères un moment comme ça — après autant de préparation ?

Ça fait partie de l’ultra-cyclisme. C’est comme un puzzle : parfois tu as toutes les pièces, parfois non. En vieillissant, j’ai compris que les choses ne se passent pas toujours comme prévu et que la sécurité est prioritaire.

7. Tu vois cette année comme un échec ou comme une étape dans une histoire plus large ?

Ce n’est absolument pas un échec. C’est juste une petite partie de tout ce que j’ai fait cette année. En fait, je vois cette année comme l’une des plus réussies depuis longtemps. J’ai fait de bons résultats, j’ai bikepacké près de 7 000 km en 30 jours pour Movember. On apprend le plus quand les choses ne se déroulent pas comme prévu. Les gens l’oublient souvent. Il n’y a rien de négatif là-dedans.

8. Qu’est-ce que tu as appris sur toi-même ?

Que je ne peux pas rouler presque 7 000 km, prendre une semaine de pause et ensuite faire une course ultra ! Honnêtement, on ne sait jamais, ça pouvait être génial ou catastrophique. J’aime observer la réaction du corps dans ces moments-là.

Chris Hall contemple le coucher du soleil après avoir pris sa retraite de Badlands en 2025.





Réflexions

9. Cinq ans de Badlands — qu’est-ce qui rend cette course unique pour toi ?

La communauté. Je ne connais aucune autre course qui rassemble les gens comme ça. C’est ce qui me ramène chaque année.

10. Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui rêve d’une course ultra-distance ?

Commence petit. Quand j’ai débuté, je roulais chargé jusqu’à chez un pote, je campais dans le jardin et je rentrais le lendemain. Et surtout, écoute ton corps. La douleur est un signal à ne pas ignorer. Le plus important : enlève la pression, profite du voyage et de l’expérience.

11. Et maintenant — encore plus d’endurance ou quelque chose de nouveau ?

Je vais prendre un peu de repos à Noël. C’est mon anniversaire donc je me pose un peu. L’année prochaine, je veux essayer de nouveaux événements, dans des endroits où je ne suis encore jamais allé. Mais surtout, je veux continuer à m’amuser, créer des souvenirs et partager l’aventure.

Conclusion

Badlands 2025 ne s’est pas terminée par une ligne d’arrivée pour Chris — mais par de la clarté, de l’honnêteté et un respect plus profond pour les limites que chacun porte. Et peut-être que c’est ça, la vraie histoire à raconter.

Pour nous, chez Siesta Campers, soutenir Jack pour la deuxième année, c’était comme revenir dans un paysage à la fois familier et sauvage. Ce sont exactement les endroits où nos campers se sentent chez eux — près de la poussière, des montagnes, du ciel étoilé et des aventuriers qui recherchent les grands défis.


Tu peux maintenant regarder le documentaire complet de Jack sur l’aventure de Chris à Badlands 2025 sur YouTube — un regard brut et réfléchi sur l’endurance, la vulnérabilité et l’esprit d’aventure.


Documentaire : https://youtu.be/BmN9I6wZ36c